L’Adamant est un Centre de Jour unique en son genre : c’est un bâtiment flottant. Édifié sur la Seine, en plein cœur de Paris, il accueille des adultes souffrant de troubles psychiques, leur offrant un cadre de soins qui les structure dans le temps et l’espace, les aide à renouer avec le monde, à retrouver un peu d’élan. L’équipe qui l’anime est de celles qui tentent de résister autant qu’elles peuvent au délabrement et à la déshumanisation de la psychiatrie. Ce film nous invite à monter à son bord pour aller à la rencontre des patients et soignants qui en inventent jour après jour le quotidien.
Sur l’Adamant se penche sur un autre aspect du traitement des personnes souffrant de troubles psychiques.
C’est, avant tout, un lieu d’expression. A l’Adamant on parle, on peint, on chante, on danse. C’est un lieu de rencontres et les intervenant.e.s brisent en quelque sorte le quatrième mur en ne parlant pas forcément à un interlocuteur invisible : le cinéaste, derrière la caméra, est régulièrement inclus dans les conversations. Le dispositif de Philibert n’est pas celui, par exemple, d’un Frederick Wiseman, qui filmerait un lieu pour en analyser les relations d’organisation et de pouvoir. Ici, il n’y a pas d’explication précise des soins, le réalisateur capte davantage des tranches de vie.De nombreux profils se présentent devant la caméra ; il n’y a jamais d’infantilisation et le regard réussit à être à la bonne hauteur. Le fil des conversations est parfois erratique – cela peut parfois être une forme de poésie : « J’ai fini par trouver la clef » dit l’un des intervenants, ajoutant « J’ai un trousseau de clefs ».
A l’image de ce lieu qui, flottant sur la Seine, est malgré tout bel et bien relié à la ville, Nicolas Philibert (en compétition pour la première fois dans un festival de l’envergure de la Berlinale) ne filme pas pour autant une bulle coupée du monde. C’est un lieu précieux, fragile, et dans la réalité actuelle, le cinéaste inquiet s’interroge sur sa pérennité.
Le Polyester