Conduit en 1943 au fort de Montluc pour y être exécuté par les Allemands, le lieutenant Fontaine parvient à s'échapper en compagnie d'un autre prisonnier, Jost.
Un modèle de cinéma dépouillé. Aucune fioriture dans le récit extrêmement minutieux de l'évasion d'un résistant. Dans sa cellule, patiemment, le prisonnier creuse, déblaye, tresse une corde et chacun de ses gestes acquiert une densité incroyable. Pour la première fois de sa carrière, Robert Bresson transforme vraiment l'acteur en modèle, faisant du visage impassible de François Leterrier, un non-professionnel, un support neutre. L'émotion ne naît plus du jeu mais de la tension entre l'action et la voix off. Les dialogues, rares, sont remplacés par un commentaire à la ferveur sourde. L'ode célèbre la volonté du résistant, sans éluder la part de sacrifice mystique. Pour conquérir sa liberté, le détenu passe par un itinéraire - physiquement, spirituellement - très sinueux...
Jacques Morice
Télérama