Slocum et moi
Début des années 50, sur les bords de Marne, François, un jeune garçon de 11 ans, découvre avec intérêt que ses parents entament, dans le petit jardin familial, la construction d'un bateau, réplique du voilier du célèbre marin Joshua Slocum.
Au long des années, dans une France d'après-guerre, le jeune François va voguer de l'adolescence à l'âge adulte. Au fil de la construction du bateau, tout en portant un regard tendre et poétique sur sa mère et son père, le jeune garçon entamera sa propre aventure, celle qui le mènera sur le chemin de ses passions, la mer et le dessin.
Bonne humeur, imagination, poésie, vélo, guinguettes et jazz manouche, île sur la Marne abritant les amours de jeunesse, BHV et Musée de la Marine à Paris, cinéma avec Gary Cooper dans Les Conquérants d’un nouveau monde de Cecil B. DeMille : c’est toute une époque que Slocum et moi fait remonter en douceur à la surface. Le film esquive cependant avec beaucoup de grâce tout passéisme mélancolique en s’ancrant dans l’universel sur le sens de l’observation et de l’écoute d’un jeune garçon qui veut aimer et se faire aimer de son père, mais qui grandit aussi par lui-même. Et en injectant dans le récit familial des échappées sur l’océan en compagnie du vrai Joshua Slocum, l’excellent scénario (signé par le cinéaste avec sa complice habituelle Annick Le Ray) offre au film un voyage bienveillant et enchanteur en trois dimensions (l’éveil de François, le rêve de son père, le tour du Monde du détroit de Magellan aux alizés) dans l’écrin d’une animation délicate jouant des ombres et des lumières, et de l’art subtil du fusain sur une très belle musique de Pascal Le Pennec. À 84 ans, Jean-François Laguionie est bel et bien un maître dont la modestie apparente ne peut occulter l’immense talent comme si "le mur en se refermant sur le bateau, lui avait donné encore plus de liberté".