2h06 - 1983 - Drame - soviétique, italien
De : Andreï Tarkovski
Avec : Oleg Yankovsky, Domiziana Giordano, Erland Josephson
Andrei est accompagné par une interprète d'une grande beauté, Eugenia. Il pourrait vivre avec elle une grande histoire d'amour, mais le souvenir de sa femme le hante. Il rencontre Domenico, un fou qui prêche la paix et lui demande d'accomplir un petit geste, afin de sauver, du moins le prétend-il, le monde…

Dans le cadre du Festival Play it again
Nostalghia est sûrement son film le plus touffu, le plus discordant, le plus noir. Trois raisons de le revoir Parce que le héros, Andreï, est le double du cinéaste En crise, il erre dans cette Italie qu’il adore, mais dont les beautés mêmes lui sont devenues insupportables. Il n’y est plus à sa place - d’ailleurs, il n’a plus de place nulle part ( exactement comme le personnage du précédent film de Tarkovski, le « stalker », considéré comme un sous-homme par ceux-là mêmes qu’il tentait de guider et de sauver). « Pourquoi, se demande le cinéaste dans son Journal, choisit-on souvent en littérature, au théâtre, au cinéma, des sujets où l’homme ressort comme un vainqueur ? Les récits d’échecs pourraient faire naître quelque chose de nouveau en art »… Pour la scène presque comique C’est rare chez Tarkovski. Ici, le personnage féminin (une traductrice italienne), encouragée à s’agenouiller dans une église, n’y rarrive pas… Ses talons sont trop hauts, sa robe, trop serrée : elle tournoie, se plie, manque de tomber, se raccroche… Scène évidemment symbolique d’un Occident qui, aux yeux du cinéaste a perdu le sens du sacré. Pour le personnage du simple d’esprit Une silhouette qui traverse tous les films du cinéaste, d’Andrei Roublev au Sacrifice. Mais Erland Josephson n’a pas, ici, la pureté dévorante du stalker. Certes, il reste un illuminé qui a le don de deviner ce que tant d’autres refusent de voir. Mais – est-ce l’effet de cette fichue « nostalghia » ? –, Tarkovski n’en fait pas un juste. Il montre, au contraire, les failles de son prophète, et même ses ridicules. Cette ambiguïté rend, au demeurant, le film d’autant plus passionnant. Et d’autant plus désespéré.
télérama
Hélas, ce film n'est plus à l'affiche...
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