1h55 - 2023 - Historique, Judiciaire - France
De : Cédric Kahn
Avec : Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphan Guérin-Tillié
En novembre 1975, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l’icône de la gauche intellectuelle. Georges Kiejman, jeune avocat, assure sa défense. Mais très vite, leurs rapports se tendent. Goldman, insaisissable et provocateur, risque la peine capitale et rend l’issue du procès incertaine.

Film d'ouverture Quinzaine des cinéastes Festival de Cannes 2023
Cédric Kahn met en lumière toute la complexité de cet insurgé lucide, qui devance en quelque sorte les jugements qu’on peut porter sur lui, en se livrant à une autoanalyse. Comme un agent double de sa conscience, voire de son inconscience – attrait de l’échec, part suicidaire, etc. On a du mal à le cerner, à savoir s’il est vraiment innocent. Nous voilà à la place très délicate du juré : c’est le choix fort opéré par le réalisateur. Qui montre à la fois la nécessité juste des règles de la justice tout en pointant ses limites, son incapacité à saisir l’indicible de la vérité ou le fait même qu’elle puisse être multiple. Le Procès Goldman est captivant, passionnant, à plus d’un titre. Comme lecture de cette période bouillonnante, des débats agitant le militantisme d’alors, de ses espoirs, dérives et trahisons. Et comme chambre d’écho saisissante du présent, sur les méfaits de la police, le racisme, l’antisémitisme, la société du spectacle. Quant au passé plus ancien, celui de la Seconde Guerre mondiale, de la Shoah, de la résistance héroïque en France d’immigrés communistes, il est aussi présent dans le film et en constitue sans doute la clef essentielle. Pour mieux appréhender le fiasco d’un révolté assoiffé de pureté, produit d’une Histoire le dépassant, pieds et poings liés à elle.
Télérama
Hélas, ce film n'est plus à l'affiche...